Réponse à la vidéo d'Absol sur l'effondrement de la civilisation industrielle
Table of Contents
|
Le YouTubeur Absol vidéos a récemment sorti une vidéo traitant de la thématique de l'effondrement. La voici :
Absol nous livre ici une vidéo réalisée avec brio qui traite merveilleusement bien le sujet qui nous intéresse.
En tant que partisans de la thèse adverse à celle développée par Absol, celle de l'effondrement, nous répondrons donc au fur et à mesure du développement de la vidéo à certains arguments, pour émettre une vision différente de celle que nous offre l'auteur et montrer certaines failles ou limites du raisonnement effondriste.
Nous nous appuierons sur des faits et des études. Il n'est pas ici question de traiter les partisans de l'effondrement de fous, mais de tester scientifiquement leurs propos en les confrontant à des études et des faits établis. Le travail que nous ferons ici est donc un travail zététique et scientifique de critique de la collapsologie, à travers la vidéo d'Absol.
Crise financière
Après avoir évoqué ce qu'était un effondrement et expliqué l'origine de la pensée collapsologique, le premier argument qu'exploite Absol est l'argument économique. Il commence à parler des dettes. Selon Absol, la dette mondiale pourrait représenter une menace. En revanche ce point de vue n'est pas partagé par de nombreux économistes.
Selon Bruno Colmant, économiste belge, une nouvelle crise financière est assez peu probable. En effet selon lui nous sommes aujourd'hui dans une économie administrée par les banques centrales. Au cours des dernières années, celles-ci sont en effet intervenues dans l'économie à un niveau encore impensable il y a seulement 10 ans. Toujours selon ses dires, du fait de cet interventionnisme les banques centrales ont désormais une influence considérable sur l'ensemble de la courbe des taux d'emprunt d'Etat, tandis qu'il y a encore quelques années cette influence était limitée aux taux courts. Le marché obligataire est donc devenu largement administré. Il affirme également que le vieillissement de la population (les personnes âgées ont une proportion à consommer plus faible) explique que les pressions inflationnistes sont limitées. Enfin, sur le sujet de la dette, il explique que l'endettement mondial n'est pas en soi un grand danger. Selon lui le bilan des banques est considérablement plus solide qu'il ne l'était avant la crise de 2008 et leurs ratios de fonds propres nettement plus élevés qu'à cette époque.
Cependant, il ne convient pas de nier les problèmes financiers actuels. De nombreux risques pèsent sur l'économie : trading à haute fréquence, dettes, bulles (Absol cite les crédits étudiants), etc. Absol cite beaucoup le FMI, précédemment dirigé par Christine Lagarde. Nous pourrions la citer, afin de nuancer ses propos :
"Le système bancaire et financier a été « réparé » depuis 2008. Les réglementations sont plus strictes en matière de liquidités, de ratios de capitaux, d’effets de levier. La capacité d’absorption des chocs a donc augmenté. Les autorités de supervision sont également plus solides, mieux équipées. Les «stress tests», conçus pour tester la solidité des banques, se sont multipliés. Les créances douteuses sont moins nombreuses."
Dans cette interview elle ne dit en rien qu'une crise majeure n'arrivera pas.. Elle indique simplement que les risques aujourd'hui se situent majoritairement non pas au centre du système mais en périphérie ("shadow banking", crypto-monnaies, fintech, prêts communautaires…).
Cependant, une crise économique n'est pas forcément vecteur d'effondrement, parfois elle a même des effets salutaires. La création d'entreprises est facilitée (Apple et Microsoft ont été créées dans des périodes de crise économique), parfois une hausse des innovations dans certains secteurs (l'innovation devenant alors indispensable aux entreprises pour rester sur pied). Ainsi même pendant et après la crise de 2008 une hausse du nombre de dépôt de brevets a été constatée. De plus les différents plans de relance et "stimulus package" en 2008/2009 comprenaient très souvent de nombreuses mesure destinant à favoriser l'innovation. Le but à l'époque était de relancer la croissance par la dépense publique, et quitte à dépenser de l'argent, autant soutenir l'innovation. Mais pourquoi l'innovation est-elle si importante ? Car la croissance future d'un pays dépend de sa capacité à innover, pour remplacer ses industries vieillissantes par des industries innovantes ayant un avantage comparatif. C'est la fameuse "destruction-créatrice" ou "création Schumpetérienne", qui désigne le processus de disparition de certains secteurs d'activité de l'économie en déclin conjointement à la création de nouvelles activités économiques. Et le moteur de ce processus est l'innovation. Ces points positifs ont d'ailleurs aussi parfois des dimensions écologiques : les crises précédentes ont prouvé que le trafic aérien ou encore les ventes d'automobiles ralentissent, tout comme la construction immobilière (induisant une utilisation grandement diminuée d'acier et de ciment). Tous ces phénomènes pouvant entraîner une baisse importante de gaz à effet de serre.
Enfin une crise a pour effet de modifier certains comportements. Par exemple, c'est après la crise de 2008 que le fait de boire l'eau du robinet et non seulement de l'eau en bouteille s'est développé. Une crise a également pour effet de mettre en lumière les possibles limites d'un système et d'ainsi les combler en contribuant à une prise de conscience de la population de ces enjeux. Plus tard dans son discours, Absol évoque une hausse du prix du pétrole pour justifier un effondrement à venir. Nous reviendrons sur cela plus tard. Cependant, nous pourrions préciser que le premier choc pétrolier (1973) a prouvé qu'une crise financière liée à la hausse du prix d'une ressource oblige le secteur publique a prendre des mesures. Par exemple, l'année 1973 marqua une volonté gouvernementale en France de commencer à décarboner l'économie. Des politiques publiques ont été adoptées visant à développer le chauffage électrique, ou encore l'industrie nucléaire en France. Ceci s'est fait au plus fort de la crise (les prix du pétrole avaient été multipliés par 4 sous l'impulsion de l'OPEP).
L'avenir seul affirmera si une crise aura lieu ou non. Quoi qu'il en soit, l'apparition d'une crise ne serait pas nécessairement une mauvaise chose du point de vue écologique notamment et des innovations et ne signifierait en rien une rupture irréversible. Elle pourrait même, comme expliqué plus haut, empêcher un effondrement en mettant en lumière les dysfonctionnements possibles du système. Si cette crise était due à une pic pétrolier (nous y reviendrons), les gouvernements auraient alors tout intérêt stratégiquement à opter pour d'ambitieuses mesures de décarbonisation de l'économie, permettant par la même occasion par un cercle vertueux de renouer avec la croissance en développant une industrie plus propre.
Concentration de richesses
Selon Absol la multiplication du nombre de milliardaires serait un problème pour l'économie mondiale. Nous pourrions nous demander en quoi. Parallèlement à cela le taux de pauvreté diminue. Les personnes vivant dans l'extrême pauvreté ne représentent plus que 9 % de la population mondiale aujourd’hui contre 99 % au milieu du 18e siècle tandis que, dans le même temps, cette population passait de moins de 1 milliard d’individus à plus de 7 milliards. Cela peut paraître absurde mais comme l'indique Erwan Le Noan, les inégalités ne creusent pas la pauvreté. Ce n'est pas parce qu'il y a des riches qu'il y a des pauvres, et si les riches sont six fois plus riches du moment que les pauvres sont deux fois moins pauvres, certes les inégalités se creusent, mais la pauvreté diminue bel et bien. Absol se base sur le rapport d'Oxfam, qui est assez largement critiqué. Les chiffres nous indiquent tous que depuis que la mondialisation s'est développée, les plus pauvres connaissent un sort considérablement meilleur, comme expliqué ci-dessus. Le même constat peut être fait sur la faim sur la faim dans le monde.
En somme, 'inégalité n'est pas pauvreté.
Situation climatique
Le réchauffement climatique est une réalité, il serait absurde d'affirmer le contraire. Mais l’interprétation que fait Absol de certains faits n'est pas exacte.
Lorsqu'Absol parle de la montée des eaux, il explique que des villes comme New York, Londres ou Syndney seraient menacées. Nous avions déjà évoqué ce sujet ici. Nous avions expliqué que les digues sont des solutions très efficaces mises en place contre la montée des eaux et que des villes s'y préparent déjà, nous pouvons citer le projet Grand U à New York, le projet MOSE à Venis, ou la barrière de la Tamise à Londres. En outre le Pays-Bas est déjà protégé partiellement par des digues. Sans ces dernières Amsterdam serait d'ores et déjà sous les eaux. L'ïle de Malé aux Maldives est également déjà protégée intégralement par des digues. Dans le cas où une forte montée des eaux venait à avoir lieu, il est assez invraisemblable de penser que les populations locales resteraient inactives.
Lorsqu'Absol dit qu'un emballement climatique pourrait conduire la planète à un réchauffement de 5 degrés avant la fin du siècle sans que l'on ne puisse rien y faire, il convient aussi de nuancer ce propos. En effet, dans les pires des cas des techniques sont à notre disposition pour refroidir artificiellement la Terre. On pourrait donc, même dans la pire des situations, faire quelque chose. Bien qu'évidemment cela soit loin d'être souhaitable pour le moment.
Mais un réchauffement de 5 degrés mènerait-il l'humanité à sa perte ? La vérité est qu'Absol, comme tous les partisans de la théorie de l'effondrement, sous-estime grandement l'adaptabilité de l'humanité. Il faut évidemment se battre contre le réchauffement climatique, nous faisons en effet de la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre un pilier de notre mouvement. Pour autant, les dires selon lesquels l'Homme serait au bord de l'extinction à cause d'un réchauffement de cinq degrés sont des discours volontairement anxiogènes et exagérés qui font fi de toute capacité d'évolution, d'adaptation. A la question qui est de savoir si un réchauffement de 5 degrés provoquerait un certain nombre de catastrophes, notamment des catastrophes pour les populations dans les pays pauvres, nous ne pouvons répondre que par l'affirmative.
Pour autant, il n'existe aucune étude sérieuse expliquant qu'un réchauffement de 5 degrés mènerait l'humanité à son extinction. La situation serait alarmante et le monde serait moins beau qu'aujourd'hui. Pour autant, nous continuerons d'exister et nous nous adapterions. En ce qui concerne la fonte du Permafrost (pergélisol en français), il convient de rappeler que même en prenant le scénario le plus pessimiste de tous, le pergélisol ne contribuera pas à plus de 12% de l'élévation de la température en 2100 comme l'explique une étude de la Royal Society. Nous pourrions également expliquer que des mesures peuvent être prises pour capturer le méthane relâché ou consolider les glaces du pergélisol.
Par la suite Absol indique que cela rendrait la terre inhabitable (ne citant aucune étude sur ce sujet). Selon lui une Terre à plus de 5 degrés mènerait à l'extinction de l'humanité et à celle d'une grande partie des êtres vivants. Problème ? Aucune donné ne semble appuyer cette information. Cela néglige plusieurs éléments dont nous avions parlé précédemment : tout d'abord la civilisation humaine a une capacité d'adaptation élevée. Secondement des périodes terrestres ont vu des températures similaires à celles-ci comme le crétacé avec des températures en moyenne de 4 degrés supérieures à celles d'aujourd'hui avec un taux de dioxyde de carbone 4.25 fois plus important qu'actuellement (environ 1 700 ppm), des taux d'O2 atmosphériques (gaz à effet de serre) à hauteur de 150% à la présence actuelle. Malgré tous ces éléments, la période était propice à la vie, c'est la période à laquelle on pense le plus lorsque l'on pense aux dinosaures. En outre il convient de préciser que si des animaux disparaissent ce n'est que marginalement en raison de la hausse des températures (même si cela joue) mais surtout en raison de la perte d'habitat et de l'introduction d'espèces prédatrices dans leur milieu.
Un réchauffement de 5 degrés ne mènerait vraisemblablement ni à l'extinction de la vie sur Terre, ni à l'extinction de l'humanité, ni à un effondrement civilisationnel. Nous saurions nous adapter. Mais, bien sûr, un réchauffement climatique non maîtrisé serait un désastre pour l'humanité et notre civilisation. On ne peut qu'imaginer l'impact à long terme qu'aurait un réchauffement planétaire, même de 5°C « seulement ». Encore une fois, notre propos n'est pas de minimiser la dangerosité des défis qui nous font aujourd'hui face, simplement de tempérer les discours apocalyptiques en offrant une analyse plus rationnelle de la situation.
Absol explique que la température serait bien plus conséquente sur les continents. Une augmentation de 3 degrés en moyenne sur Terre conduirait à une augmentation de 6 degrés sur Terre. Si cela est vrai en partie il ne faut pas trop monter en besogne : la température sur les continents n'est pas nécessairement le double de la moyenne terrestre (la moyenne terrestre étant de 15 degrés actuellement et la température moyenne étant de 15.8°C en France par exemple). En moyenne, on estime que la température est multipliée entre 1,4 et 1,6 fois entre la mer et les continents. En outre certaines études tendant à nous prouver que l'Europe serait devant un possible refroidissement climatique, qui verrait son climat refroidir de 2 ou 3 degrés en raison du dérèglement des courants du Gulf Stream (dérèglement lui-même occasionné par le réchauffement climatique). "La chaîne météo" en parle dans cet article.
Par la suite il est posé la question de l'adaptabilité des agricultures dans ce contexte. Encore une fois, c'est oublier que notre agriculture a dès aujourd'hui la capacité d'être relativement indépendante de notre environnement par l'utilisation de serres, voire d'OGM (quand bien même ils sont critiquées, précisons qu'aucune étude scientifique sérieuse à ce jour n'a pu attester de leur prétendue dangerosité) ainsi que de la généralisation des techniques d'irrigation (par dessalement de l'eau de mer par exemple via l'osmose inverse). On arrive à cultiver et à avoir de bons rendements dans des champs placés dans le désert allant jusqu'à 55 degrés si tant est que l'irrigation soit maîtrisée. En outre Frédéric Levrault, expert climat pour les chambres d'agriculture estime qu'il faudra très certainement s'adapter, "mais que nous pourrons toujours faire vivre les agriculteurs et nourrir les français" (s'adapter notamment en cultivant des variétés de blé dont le cycle est plus court afin de récolter plus tôt et d'éviter les fortes chaleurs). Selon lui, la France agricole de 2050 ne devrait pas être très différente de 2019.
Sols
En ce qui concerne la pérennité des sols, nous avions évoqué ce sujet ici. Dans leur ouvrage "Pour une agriculture mondiale productive et durable" publié en 2011, Michel Petit et Pascal Tillie nous apprennent que "La tendance générale de l’évolution de la production de céréales est une croissance régulière en dépit de variations inter-annuelles qui s’expliquent principalement par les aléas climatiques. La production a doublé au cours de cette période de trente-huit ans, ce qui représente un taux de croissance annuel moyen de 2,5 %, soit substantiellement supérieur au rythme de la croissance de la population mondiale (environ 2 % par an)." Ils expliquent par la suite que "Le doublement de la production céréalière s’explique essentiellement par une augmentation des rendements, la surface totale dévolue aux céréales n’ayant crû que d’environ 10 % au cours de cette période de trente-huit ans". De plus, il convient de préciser que nous pouvons d'ores et déjà nourrir environ deux fois la population mondiale, et que le problème est surtout un problème de répartition. De plus, diminuer même légèrement la consommation carnée augmente considérablement la production de nourriture (c'est ce que préconise le GIEC). Et ça c'est sans parler des fermes urbaines et autres techniques alternatives.
Aussi, l'érosion touche, selon le GIEC, 17% des terres (4% en Europe). Encore une fois nous ne sommes pas au niveau d'une apocalypse mondiale. Une érosion qui, rappelons-le, n'est pas définitive. Expliquons aussi que dans un document de la FAO sur ce sujet, celle-ci nous informe que "les pertes de production (2 à 5 %) sont modestes et facilement compensées à l'échelle régionale par l'emploi de nouveaux intrants (engrais, drainage, mécanisation du travail du sol)". En réalité, il s'agit plutôt d'un problème économique et social pour les petits paysans majoritairement pauvres qui risqueraient de voir leurs revenus diminuer.
Quand bien même les rendements baisseraient, n'oublions pas que 40 % de la production agricole part à cause du gaspillage actuellement. Des efforts là dessus permettraient de largement contre-balancer ce fait. De plus, une diminution des surfaces dédiées à l'élevage pourrait également être envisagée et permettrait d'augmenter considérablement la production mondiale. Et encore une fois, rien ne prend en compte le progrès à venir : viande in vitro, serres, fermes verticales, culture d'algues etc.
Nous pourrions préciser que beaucoup de régions agricoles, surtout en Afrique, en Amérique de l'Est et en Europe de l'Est n'atteignent pas le maximum de leur potentiel en matière de récoltes. En choisissant mieux les variétés de cultures, résistantes et adaptées à l’écosystème local, en formant les paysans, en adoptant une meilleure gestion et en investissant dans des équipements plus performants, la production alimentaire actuelle pourrait être augmentée de 60 %.
Aussi, une étude commandée par le ministère de l'agriculture intitulée "Terres cultivables non cultivées : des disponibilités suffisantes pour la sécurité alimentaire durable de l’humanité" établie en 2010 indiquait que la quantité de terres cultivables non cultivées était estimée entre 1 milliards d'hectares selon une première hypothèse (la plus pessimiste) et 2,3 milliards d'hectares selon la plus optimiste. Il est préférable de se baser sur la plus pessimiste, qui multiplierait par 1.7 la surface des terres arables (actuellement d'1.4 milliards d'hectares). Ceci toujours selon la première hypothèse qui est calculée sur une déforestation 0.
Pollution
En ce qui concerne la pollution, les mesures pour lutter contre sont simples à prendre si des décisions ambitieuses sont prises. Et quand bien même ce fait est dramatique, il n'est pas une cause d'effondrement en soi (on parle de pollution plastique, notamment, pas des émissions de gaz à effet de serre).
De plus, si la situation n'est pas parfaite, nous pourrions préciser que dans les pays développés la pollution de l'air à tendance à baisser. C'est notamment ce qu'indiquent les données des capteurs de l'association AirParif. La concentration du monoxyde de carbone a été divisée par 10, de 4000 microgrammes par mètre cube en 1995 à moins de 500 aujourd'hui. De la même manière, la proportion de benzène a été divisé par 5 en vingt ans dans l'air de Paris, passant de 5,4 microgrammes par mètre cube en 1995 à moins de 1 aujourd'hui. Les émissions de SO2 en Île-de-France sont passées de 200 microgrammes par mètre cube en 1960, à 10 en 2000 et on ne décèle plus rien aujourd'hui. De la même manière, l'oxyde d'azote a reculé de près de 50 % (54 microgrammes par mètre cube en 1995, 30 en 2016. Les particules fines (que l'on trouve dans les fumées noires), ont également chuté de 80 % depuis 1950. En s'intéressant aux particules de moins de 10 micromètres (PM10), on constatait 200 microgrammes par mètre cube en 1950, et plus que 20 en 2016.
Si tout n'est pas parfait, nous sommes, de ce point de vue, plutôt sur une bonne voie.
Biodiversité
En ce qui concerne la perte de biodiversité cette dernière n'est réellement grave (grave pour l'humanité j'entends, la perte d'espèces est de fait grave et ce n'est pas parce qu'elle ne menacerait pas la pérennité de la civilisation qu'il faudrait traiter cette question avec indifférence) que si l'on considère que l'homme n'est pas indépendant de son environnement. Or c'est un point de vue largement critiqué.
En effet d'aucuns estiment que l'humanité est déjà arrivée à un stade où elle serait quasi-indépendante de son environnement, dans le sens où nous savons maîtriser la météo (faire pleuvoir - la Chine le fait pour prévenir des sécheresses - ou encore contrôler des ouragans même si ce point est purement théorique pour le moment), cultiver la Terre en faisant fi des aléas climatiques (serres réchauffées/climatisées, fermes urbaines, OGM même si ce point est critiqué). De par les processus d'industrialisation de la terre, on peut penser que l'Homme n'est déjà plus dans la chaîne alimentaire. Il peut modifier les génomes d'espèces (par OGM mais aussi par reproduction), les préserver en captivité/culture etc. Ce faisant une extinction même majeure d'espèces sauvages ne l'affecterait pas outre mesure (ce constat n'est pas vrai pour les populations tribales notamment mais cela ne rentre pas dans le domaine de l'effondrement thermo-industriel). Ensuite concernant les intrants, les effets négatifs ne sont présents que dans le cas d'une agriculture intensive déraisonnée. Dans le cas d'une agriculture raisonnée les intrants permettent d'augmenter les rendements sans nuire aux sols ou aux cours d'eau.
La question des abeilles est également évoqué. Nous l'avions expliqué ici. Tout d'abord il convient de préciser que nous connaissons en réalité très mal la situation des abeilles en général. Nous avons du mal à différencier les abeilles domestiques élevées par des apiculteurs pour faire du miel qui pollinisent une partie seulement des fleurs et les autres pollinisateurs dont les abeilles sauvages, comme expliqué par une étude récente publiée dans Science et Nature. Pour donner un ordre d'idée, en France sur 1 000 espèces une seule est élevée par des apiculteurs. Or c'est en grande majorité en se basant sur ces espèces utilisées que nous émettons des hypothèses sur la situation des abeilles en général (étudier des espèces sauvages est bien plus dur). Ainsi, lorsque l'on parle du "syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles", il s'agit bien des abeilles des apiculteurs.
Pour ce qui est des études sur les abeilles sauvages, en Europe celles en voie d'extinction ne représenteraient que 9.2 % des espèces, dont seulement 5.2 % dans un avenir proche (préoccupant mais pas un signe d'apocalypse), selon les chiffres de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN, organisme sur lequel s'appuiera Absol plus tard dans on propos). Au total il y aurait 150 espèces en déclin (attention, en déclin ne signifie pas en voie d'extinction), 244 stables et 13 en augmentation. Bref, loin de l'apocalypse annoncée. Pour ce qui est de la mortalité en ruche, elle est entre 15 et 30% et reste stable d'une année à l'autre.
Qui plus est, il ne faut pas surestimer le rôle des abeilles (quand bien même celui-ci est relativement important). Déjà, il existe une multitude de pollinisateurs, les abeilles ne sont pas les seules ! De plus peu de plantes dépendent totalement des pollinisateurs. Ces plantes seraient affectées, bien sûr, mais nous aurions quand même de la nourriture. Ainsi, selon Marcelo Aizen, professeur titulaire à l'École d'écologie de l'Université nationale de Comahue, en Argentine dans une étude publiée dans le journal scientifique Annals of Botany, en l'absence de pollinisateurs, les rendements agricoles mondiaux diminueraient d'entre 3 % à 8 % (ce qui demeure alarmant).
Encore une fois, loin de l'apocalypse annoncé, étant donné que cette étude se base sur un absence totale de pollinisateurs, ce qui, comme expliqué au-dessus, n'aura pas lieu.
D'autant plus que nous pouvons artificiellement polliniser les plantes. Cela n'est que purement à titre indicatif, mais des nano-robots pollinisateurs sont déjà en fonctionnement. Une étude de Dronecopter nous informe que ce type de procédé augmenterait la pollinisation de 25 % à 60 % pour ce qui est des cerises et des amandes, et que les fleurs sont d'emblée de tailles plus conséquentes qu'avec les abeilles. Les drones peuvent en effet vaporiser une quantité importante de pollen dès que la fleur s'ouvre pour favoriser leur croissance. Le rendement serait donc excellent.
Mais nous précisions cela par expérience de pensée. Comme nous l'avions précisé, l'idée selon laquelle tous les pollinisateurs vont disparaître est au mieux une erreur, au pire un mensonge.
Déforestation
La déforestation est également un argument régulièrement rétorqué. Or, comme expliqué ici, le système forestier est en réalité, non content d'être en équilibre, excédentaire. La biocapacité naturelle de la terre en termes d’espaces forestiers est de 0.73 hectares par personne et par an et nous n’en consommons en moyenne que 0.27 hectares par personne chaque année. Au total, la surface des forêts a ainsi augmenté de 7% depuis 1982. Seules les forêts tropicales sont touchées. En France par exemple les forêts ne ne cessent de grandir. En France, on dénombrait en 1830 entre 8,9 et 9,5 millions d'hectares. En 2018, on en dénombre 16,9 millions, soit environ 30 % du territoire métropolitain (selon l'Institut National de l'Information Géographique et forestière).
Le problème de la déforestation est en réalité plus qualitatif et quantitatif.
Démographie
Absol diffuse une interview de Thinkerview dans lequel l'intervenant déclare (sans preuve et sans aucune source) qu'il n'est pas possible de nourrir 14 milliards d'êtres humains. Problème ? Ceci est factuellement faux, comme nous l'avons déjà expliqué précédemment dans cet article.
Le jour du dépassement
Absol reprend ici une théorie largement critiquée par la communauté scientifique : le jour du dépassement. Selon ses dires il faudrait 5 Terres pour que la population mondiale puisse vivre comme les Etats-Unis. Problème ? Cette information est trompeuse. Nous avions expliqué ici pourquoi cette information était hautement biaisée.
Une étude scientifique parue dans la revue PLOS Biology intitulé "Does the Shoe Fit? Real versus Imagined Ecological Footprints" critique abondamment cette interprétation du « jour du dépassement ».
Il y est révélé que cinq des six mesures qui composent l'empreinte écologique sont en réalité à l'équilibre ou excédentaires et que seules les émissions de carbone de l'humanité sont déséquilibrées.
Ces six indicateurs sont les émissions de carbone, les terres cultivées, les terres bâties par l'homme, les pâturages, la pêche et les zones forestières. En se basant sur les résultats de l'étude, il apparaît ceci (les barres rouges indiquent un déficit, les barres bleues sont en surplus) :
C'est en additionnant toutes ces données que l'on trouve l'affirmation qui a fait les gros titres des journaux ces dernières semaines comme quoi il faudrait 1.7 planètes pour garder le niveau de vie de la population mondiale et 2.9 planètes si toute l'humanité vivait comme les français. Aucune des cinq catégories d'utilisation des terres non carbonées ne présente de déficit écologique substantiel, ce qui suggère qu'il n'y a pas d'épuisement des terres cultivées, des pâturages, des forêts, des zones de pêche (à nuancer, mais en regardant les données du GFN on constate bel et bien un équilibre) et des terrains bâtis à un niveau global. Ce résultat provient du fait que les comptes des terres cultivées, des pâturages et des terrains construits sont construits de manière à ce qu'ils soient toujours proches de l'équilibre, l'empreinte de la consommation étant par définition presque égale à la biocapacité.
On se rend tout de suite compte de la tromperie occasionnée par ces données : on ne parle pas ici d'utilisation de ressources naturelles mais d'émissions de carbone non compensées par la nature (non captées par les forêts notamment). Donc ce n'est pas du tout une question de ressources qui viendraient à manquer, c'est faux. Il s'agit d'une question d'émission de carbone et de captation de carbone.
Cela signifie concrètement que nous ne consommons pas plus de ressources que nous n’en disposons. Au contraire, nous n'en consommons parfois "pas assez" ! Par exemple, la biocapacité naturelle de la terre en termes d’espaces forestiers est de 0.73 hectares par personne et par an et nous n’en consommons en moyenne que 0.27 hectares par personne chaque année. De la même façon, nous avons beaucoup plus d’espaces de pâturages disponibles que nous n’en consommons : 0.21 hectares par personne disponibles contre 0.16 utilisés.
Et il ne s'agit pas de théories climato-sceptiques, le GFN prouve-lui même dans un document destiné à expliquer sa méthode ce qu'affirment les sources citées ci-dessus. Voici ce qu'on trouve dans ce document :

Puis par la suite, dans un tableau explicatif il est clairement énoncé que seuls ces sols énergétiques fictifs sont en déficit (les chiffres diffèrent légèrement de ceux cités ci-dessus car datent de 2005 tandis que ceux cités précédemment étaient plus récents) :

Par conséquent, presque tout le dépassement écologique provient de la mesure de la vitesse à laquelle le dioxyde de carbone s'accumule dans l'atmosphère. En effet, si l'on exclut le carbone, la biocapacité mondiale dépasse l'empreinte de la consommation d'environ 45% en 2008. Autrement dit, on consomme bien moins que ce que la terre produit.
Comment arrive-t-on à ces chiffres affirmant qu'il faudrait 2.9 terres pour vivre comme un français ? Tout simplement en convertissant les émissions de carbone de l'humanité en la surface de forêts qui serait nécessaire pour toutes les capturer. Un procédé tout à fait malhonnête ignorant ainsi tous les autres moyens d’absorber ou de ne pas émettre de CO2.
Autrement dit cet argument est fallacieux, il n'y a pas de dépassement de la biocapacité, et les défenseurs du jour du dépassement mettent ensemble des données qui n'ont rien à voir.
Ressources
Phosphore
Nous avons en détails abordé le sujet du réalisme d'une future pénurie de phosphore mettant en méril l'agriculture mondial dans cet article. Études à l'appui, nous expliquions que nous n'avons pas connaissance d'éléments qui laisseraient présager qu'une pénurie de phosphore serait imminente. Nos ressources demeurent colossales, et les plus grands organismes scientifiques sur le sujet estiment qu'une pénurie n'est pas « imminente ». En outre, nous disposons de nombreuses possibilités de « recycler » le phosphore, dans le cadre d'une gestion plus durable de ce dernier : l'utilisation des urines humaines, notamment.
Métaux
Lithium
Le lithium est le 33ème élément le plus abondant sur Terre. L'USGS (Institut d'études géologiques des États-Unis) dans un rapport estime que les ressources de lithium économiquement exploitables sont de 62 millions de tonnes. En 2016, la demande globale de lithium était de 201 000 tonnes. En gardant ce niveau de consommation, on aurait du lithium pour 308 ans. Mais la demande de lithium va très probablement fortement augmenter dans les années qui viennent. En considérant qu'elle augmenterait de 300% (603 000 tonnes), on en aurait, avec les ressources actuellement estimées, pour 103 ans de consommation. Aussi, l'exploitation de lithium marin ou de lithium issu des eaux thermales permettrait de considérablement augmenter le volume de ressources exploitables. On estime les réserves maritimes à 230 milliards de tonnes.
Précisons également que l'on sait recycler le lithium présent dans les batteries automobiles. Cela n'est que peu fait pour le moment car le coût reste élevé et recycler le lithium à 100% ne serait donc pas rentable. En revanche, plus le lithium se fera rare, plus le prix sera élevé, donc plus le recyclage se généralisera, devenant alors rentable.
De plus, nous savons substituer le lithium. Par exemple en utilisant des accumulateurs lithium fer phosphate, moins demandeurs en lithium, des batteries au cobalt, au nickel ou encore, le plus prometteur, des accumulateurs sodium-ion qui reposent alors sur une ressource presque infinie : le sodium, sans parler des batteries au graphène.
L'électrification du parc automobile n'est donc pas limitée par les ressources qu'elle suppose.
Recyclage et substituts
Le recyclage, parlons-en. Il est faux de voir la Terre comme au bord de la pénurie pour tout : l'aluminium est un des métaux les plus abondants sur la planète Terre (il peut d'ailleurs remplacer le cuivre). Cuivre qui est recyclable à 100% (hors pertes d'usage, évidemment), sans perte de ses propriétés physiques. Le silicium on en a encore pour deux siècles et on sait encore le remplacer sans compter le fait que plus le minerai devient rare plus on peut investir dans les gisements et plus les réserves disponibles augmentent. En fait, il existe des substituts pour à peu près tout, donc on est pas prêt de voir tout disparaître. De plus, ce qui est en pénurie est souvent recyclable à près de 100% comme le cuivre car, rappelons-le, tous les métaux sont recyclables à 100% et ce, à l'infini (hors pertes d'usage et utilisations dispersives). C'est également le cas d'éléments comme le verre, les gravats de construction, le papier etc.
Minage spatial
Et même en faisant abstraction de tout cela, les effondristes ne voient les matériaux seulement par le prisme de la Terre. Or, nous avons un système solaire abondant plus que nous ne pourrions l'imaginer ! Rien que sur la Lune : cérium, terbium, samarium, scandium, gadolinium et autres "terres rares ". Sans oublier évidemment que la Lune est riche en aluminium, en silicium, en magnésium, en fer etc. Le minage spatial ? Projet fantaisiste ? Pas du tout, mais projet de très long terme, évidemment. Des gouvernements et états comme le Luxembourg investissent déjà dans ce domaine. De plus, c’est un projet très sérieux de la Nasa qui compte faire appel au secteur privé pour financer ces coûteuses lunaires d’ici à 2030 : « Des atterrisseurs lunaires développés par des sociétés privées peuvent contribuer à prospecter et à exploiter ces ressources ».
Et ça ce n'est que sur la Lune. Le potentiel sur Mars est énorme, la planète à un sol riche en minerais. Et il y a plein d'autres planètes, et de lunes (Titan, Phoebé, Atlas, Téthys, plusieurs centaines). Et le minage spatial pourrait voir son coût considérablement diminuer avec l'apparition de techniques comme celles mises au point par SpaceX, ou celles du Launch Loop qui pourraient faire baisser le coût de la mise en orbite du kilogramme de matériaux en le faisant passer à 300 voire à 10 euros. Bref, rien de fantaisiste, et cela se met déjà en place.
Encore une fois, cela n'est qu'une solution à très long terme, elle n'est pas envisageable actuellement et n'est même pas nécessaire.
Gaz
Selon Absol les ressources de gaz seraient au bord de la pénurie. Ce point de vue n'est pas partagé par tous. Samuele Furfari, docteur en sciences appliquées, ingénieur et auteur explique qu'avec l’arrivée du gaz de roche-mère, les réserves de gaz naturel ont quadruplé. Avant cela, on estimait que le monde disposait d’environ 70 ans de réserves. Aujourd’hui, l’Agence internationale de l’énergie (AIE, qu'Absol cite plus tard dans sa vidéo) déclare que ces réserves sont de 250 années à l’échelle de la consommation actuelle. En outre, nous savons nous passer de gaz (comme de toutes les énergies fossiles).
Forêts
Comme expliqué plus haut, les forêts progressent et sont de plus en plus nombreuses.
En outre, des projets ambitieux de reforestation comme nous avions évoqué ici existent, et l'Australie veut ainsi planter plus d'un milliard d'arbres quand l'Ethiopie prévoit d'en planter 6. A titre de comparaison l'an dernier 451 millions d'arbres ont été abattus dans la forêt amazonienne. Quand bien même la perte de forêt tropicale menace des espèces, nous avons vu que cette disparition ne menace pas outre-mesure l'humanité (ce qui ne veut pas dire encore une fois qu'il faut continuer la déforestation, loin de là). De plus il n'a pas lieu de parler d'une destruction totale de la forêt amazonienne. Cette dernière comprend 390 milliards d'arbres. Au rythme actuel, il faudrait 865 ans pour en venir à bout.
Absol montre à l'écran un débat avec Alexandre Bihouix qui affirme que les forêts qui poussent aujourd'hui sont des forêts de faible qualité, et que la monoculture est dominante. Ce n'est pas ce qu'indiquent les études de l'IGN, qui expliquent que la monoculture ne représente que 8% de notre surface forestière et qu'avec 4,9 essences par peuplement en moyenne, la forêt métropolitaine possède des peuplements ayant une richesse en essence relativement élevée.
Ressources halieutiques
Comme expliqué plus haut, la pêche est en réalité un domaine relativement en équilibre, même si on constate effectivement une surproduction. Cependant la fin totale de la pêche n'est pas prête d'arriver. Quand bien même elle ne représente pas un effondrement civilisationnel, simplement une mutation.
Pétrole
Absol commence par affirmer que les découvertes de nouveaux gisements de pétrole sont en baisse depuis 1954. Ceci est vrai mais il serait erroné de conclure au début d'une pénurie physique. Avec les prix bas, la prospection a ralenti car les compagnies pétrolières ne s'y retrouvaient pas financièrement. Avec des prix plus élevé elle reprendra. C'est un fait : les réserves augmentent avec le prix et la notion du peak oil recule au fur et à mesure que l'on avance. Ensuite, même en l'absence de découverte, les réserves continuent de grossir. Il faut savoir que seule une petite partie du pétrole (environ 20%) contenue dans les puits en sort naturellement : dès que la pression n’est plus suffisante, le robinet se tarit. Les ingénieurs sont alors obligés d’injecter de l’eau ou du gaz pour pousser le brut vers la sortie. Or ces techniques ont tellement progressé que, en une vingtaine d’années, elles ont fait passer le taux de récupération moyen de 20 % à 35 %, et ce dernier continue d’augmenter. Cela accroît d’autant les réserves exploitables.
Nous abordions le sujet du pic pétrolier dans cet article. Nous avons pu voir que, contrairement à ce que d'aucuns proclament, "pic pétrolier" ne signifie pas "disparition soudaine du pétrole", ni "effondrement civilisationnel". S'il convient, évidemment, de se préparer à l'impact du pic pétrolier sur notre société en préparant à l'avance de vastes plans de décarbonisation de notre économie (électrification, etc) pour diminuer l'impact de la crise que suscitera le pic pétrolier et aussi parce qu'il serait déraisonnable d'atteindre le pic pour se mettre à décarboner (il faut s'y mettre le plus vite possible), sa raréfaction et donc, la hausse de son prix, peut en réalité être vue comme une aubaine du point du vue écologique, dotant alors ses substituts, décarbonés, d'un avantage comparatif certain ce qui favorisera l'adoption de technologies décarbonées.
Et nous disposons justement de décarbonisation nombreux substituts décarbonés qui permettraient de remplacer le pétrole dans la majeure partie de ses utilisations actuelles.
L'un des piliers de la décarbonisation est l'électrification. La France, par exemple, dispose d'une énergie majoritairement décarbonée en se reposant notamment à 71.7% sur l'énergie nucléaire. D'aucuns pourraient rétorquer que l'uranium n'est pas infini, et que nous nous heurterons bientôt à des problèmes de disponibilité de cette ressource. Cependant, deux précisions mériteraient ici d'être faites :
- Les réacteurs en surgénération de quatrième génération écartent ce problème. avec des réacteurs à neutrons rapides on en aurait pour 6000 ans rien qu'avec nos stocks nationaux d'uranium appauvri.
- Même sans, les réserves d'uranium sont colossales. Si les ressource terrestres sont estimées entre 6 et 8 millions de tonnes par l'AIE, les ressources en uranium marin sont estimées à 4,5 milliards de tonnes, soit environ 3mg/m³ d'eau. Un uranium marin que nous savons exploiter. Plus l'uranium terrestre sera rare, plus il sera cher et plus l'uranium marin sera exploité.
Précisons aussi que nous savons faire de la métallurgie et de la sidérurgie sans pétrole. La Suède notamment investit beaucoup de ces nouveaux processus de production. Pour le transport routier, nous avions déjà en partie évoqué ce phénomène ici.
En ce qui concerne le transport maritime, le GNL est une excellente solution transitoire. L'hydrogène est également une excellente voie à développer.
Décarbonner l'économie, c'est possible. On sait tout faire sans énergies possibles. Nous vous recommandons par exemple la lecture du scénario Négatep de l'association "Sauvons Le Climat", qui vise à décarboniser la France. Ce de manière économiquement et physiquement réaliste. Plus d'informations sur ce lien. Nous ne manquerons pas, sur ce site, notre Discord, notre compte Twitter ou notre chaîne YouTube de présenter de nombreux moyens à notre disposition pour nous diriger vers une économie libérée de l'influence du pétrole.
En outre, la baisse du TRE/EROI, sur laquelle s'appuie Absol, n'est pas toujours un indicateur pertinent de faillite du secteur pétrolier. Dès lors que la source d'énergie primaire est changée, ce "taux de retour énergétique" n'a plus de sens. Basiquement, pour extraire le pétrole conventionnel on a besoin d'une pompe. Pompe qui peut marcher à l'électricité, par exemple. Si l'on change d'énergie primaire, le TRE n'est alors plus un indicateur pertinent.
Il est alors possible d'utiliser des SMR (petits réacteurs nucléaires modulaires) pour exploiter des gisements à faible TRE (voire à TRE négatif). C'est ce que prévoit de faire la Russie, par exemple, avec des "centrales flottantes".
Il convient donc de nuancer les propos sur le pic pétrolier. Il est probable que la fin du pétrole doive être choisie, et non subie. Et nous savons faire sans.
Eau potable
Nous étudions en détails ce sujet dans cet article. il ne nous semble pas justifié de penser que cela pourrait représenter, à terme, un risque civilisationnel et un risque lié à la survie même de l'humanité. Nous disposons en effet de très nombreuses solutions qui nous permettent à la fois de mieux utiliser nos réserves actuelles, mais aussi d'en exploiter de nouvelles (comme l'eau de mer) via des technologies comme le dessalement de l'eau de mer.
Critique de la croissance
Après cet inventaire (un tantinet biaisé) du monde, Absol s'étend dans une longue logorrhée contre la croissance. Problème ? La décroissance ne résout rien. Pire, elle aggrave !
Décroître, c'est baisser le pouvoir d'achat de manière substantielle et de façon autoritaire, creusant de fait le chômage et la pauvreté. Une telle politique ne saurait être acceptable socialement. En outre, une économie en décroissance ne peut investir ni dans les services publics, ni dans la transition énergétique. Freinant l'innovation, une économie en décroissance nous empêcherait de développer une industrie bas carbone.
Construire des centrales nucléaires, recycler, développer notre infrastructure ferroviaire, convertir à l'électrique notre parc automobile, isoler massivement les logements.. sont tant d'actions écologiquement vertueuses qui supposent et génèrent de la croissance. Autrement dit, pire qu'être inefficace, la décroissance empêche d'adopter de meilleurs comportements environnementaux et de prendre des politiques ambitieuses de transition énergétique.
Nous pensons qu'il ne faut pas à tout prix chercher de la croissance et qu'il nous faut nous tourner vers une mesure moins quantitative de nos performances économiques, à l'instar de ce que recommandait le rapport de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi en 2009. Mais on ne peut nier, comme l'explique Joseph Stiglitz lui-même, que la transition énergétique va supposer et générer beaucoup de croissance.
Par la suite Absol reprend un propos sur la biocapacité, principe dont nous avions expliqué plus haut qu'il était très mal utilisé dans ce cadre. Il parle aussi de monde "fini". Simplement à long-terme on peut douter de cette "finitude" du monde avec un argument très simple : l'exploration spatiale (perspective à très long terme), ou l'extraction marine, qui représente des perspectives que nous n'aurions jamais pu imaginer au début du siècle précédent. En outre, il s'agit là d'un sophisme : personne ici n'a parlé de croissance infinie, la question est de savoir si l'on peut croître encore ce siècle et si cela serait bon. Nous pensons que oui.
Migrations climatiques
Vers la fin de la vidéo, Absol livre un constat sur les migrations climatiques, en déclarant que nous ne les accueillerons sûrement pas en Europe lorsqu'ils seront des centaines de millions à arriver. Sauf que ce résonnement est assez fallacieux, car les migrations dans le cas climatique ne s'effectuent pas vers l'Europe mais sur de très courtes distances. Nous avions traité de ce sujet ici.
Conclusion
En conclusion, en creusant le discours développé, on se rend compte de certaines failles que nous avons pu évoquer plus haut. Comme il est impossible d'affirmer avec une certitude à 100 % qu'un effondrement va se produire il est impossible d'affirmer à 100% qu'un effondrement ne va pas se produire. Les prévisions sur le futur sont ce qu'elles sont : des prévisions hypothétiques.
En revanche, ce que nous pouvons affirmer à 100% c'est que l'effondrement est endiguable si des mesures politiques ambitieuses et courageuses sont mises en place, et que nombre d'arguments censés nous démontrer l'imminence d'un effondrement sont en vérité biaisés. Nous pouvons éviter un effondrement en mettant en place les mesures qu'il faut, développées sur ce billet et sur ce site. Rien n'est perdu, d'autant plus qu'elles se mettent déjà en place et qu'en toute logique économique de base, elles vont se démultiplier à l'avenir poussées par un sérieux avantage comparatif.
Merci !
Pour débattre avec nous ou nous rejoindre, cliquez ici !
Merci !
